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Le Chasseur {Chapitre 26}

Publié le par danouch

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             Aussi loin que peut remonter ses souvenirs, jamais Cédric n’avait réfléchi à sa mort. Il espérait, comme les autres, mourir très vieux et pourquoi pas de vieillesse. Dans son sommeil, ça aurait été l’idéal. S’endormir pour ne plus jamais se réveiller, sans souffrir, sans sentir la mort nous emporter. Juste s’endormir.

            On dit souvent que le jour de notre mort, nous revoyons toute notre vie défilée devant soi comme si on rembobinait les images d’un film. Cédric ne voyait rien, pas même le moindre petit souvenir aussi insignifiant soit-il. Juste la chute lente, presque trop lente, Cédric se surprend même à espérer que ça soit rapide, qu’il tombe bon sang ! Pourquoi est-ce si long ? Pourquoi est-ce qu’il ne ferme tout simplement pas les yeux ? Pour s’endormir. Ne plus se réveiller. Aussi brusquement qu’il l’aurait espéré. Sans avoir le temps de regretter.

            Au lieu de ça, le sol s’éloigne, la douleur physique est inexistante mais celle de la fatalité est lacérante. Son corps finit par toucher le sol, c’est presque dans un soulagement qu’il ferme enfin les yeux, il est brusquement secoué par des mains tremblantes, la douce odeur de la peau de Sevan lui effleure les narines. Il n’y a pas de son, les lèvres de son amant se serrent puis s’écartent sans qu’il puisse entendre ce qu’il se tue à crier.

            Tout est irréel, lent et absurde. C’est à se demander ce qu’il fait là, où il est, pourquoi est-ce qu’il ne peut plus bouger sa main. Il regarde inlassablement le visage de Sevan qui peu à peu s’inonde de larmes, celles-ci tombent sur ses joues comme une pluie chaude. Cédric se souvient alors de certains moments, les plus merveilleux de sa vie. Qui aurait cru que ce jeune homme puisse faire revivre l’homme seul qu’il était ? Rejeté par ses parents, allant d’amant en amant, il ne s’attendait pas à aimer autant ce beau stagiaire. C’est vrai, Sevan était si beau, si attirant, il a eu une furieuse envie de le toucher dès le premier regard. Une envie qui ne l’a jamais quitté. Encore maintenant, au seuil de la mort, il ne veut qu’une chose, le toucher.

            Son corps refuse de répondre, il s’engourdit à mesure que le temps passe et très vite il ne sent plus rien. Il vient de plonger dans un bain glacé et rien ne semble le réchauffer, pas même les bras tremblants de Sevan qui le secouent et le serrent à l’en étouffer.

            Quelle triste fin…Il sait que Sevan va s’en vouloir et il regrette de ne pas pouvoir lui dire d’arrêter de pleurer, il aimerait mais il n’en est pas capable. Tout s’éteint en lui. La vie lui glisse entre les mains comme le sable du temps, le laissant de plus en plus vide.

            Il continue alors de regarder le visage de son amant devenir flou, inconsolable il hurle et Cédric peut aisément lire sur ses lèvres son propre nom. Il sourit, instinctivement, Sevan s’arrête brusquement de crier mais ses larmes continuent de couler. Cédric fait appel à toute ses forces pour pouvoir dire quelque chose, ne serai ce qu’un mot, juste un mot, un simple petit mot ! Il supplie la mort de lui lasser encore une seconde pour lui dire encore un mot !

            Ses lèvres s’ouvrent, hésitantes, sa langue peine à bouger, sa voix est presque muette au fond de sa gorge. Sevan se penche, tétanisé.

 

-     Mer…ci.

 

            Inaudible. Un murmure. Cédric doute même l’avoir réellement prononcé, il ne s’entend pas lui-même. Malgré tout, il sourit à nouveau face au visage perplexe de Sevan. Tout devient distordu, le sommeil rédempteur est insistant. Il pensait vivre encore quelques décennies, avec un peu de chance aux côtés de son amant mais il en doute, ses yeux se tournent faiblement vers le visage effaré du jeune Eden.

            Il ne respire plus, ne pense plus, le noir l’entoure mais il n’a pas peur. Le seul regret qui lui reste est celui de ne pas avoir réussi à se réconcilier avec ses parents. 

 

            La fin est si abrupte qu’elle laisse Sevan dans le désarroi. Le visage de Cédric est paisible, le corps est lourd et inerte. Le sang sombre continue de se répandre couvrant ainsi le parquet de la cuisine, à tel point que Sevan commence à ne voir plus que ça. Tout ce sang répandu.

            Son esprit vient d’être lui aussi touché par la balle, il est sous le choc, incapable de lâcher le corps mort de Cédric, incapable de se retirer de cette marre ignoble et rouge ! Les sentiments se mélangent, l’angoisse grandissante, l’accablante réalité et le sang reflétant ses souvenirs noirs. Le corps de l‘institutrice, le corps de Rose Delaine, celui du vieux dans le ravin, le visage de Cédric.

            Ses mains s’abattent sur son crâne, quelque chose se morcelle en lui, se brise et la douleur est atroce. Les visages des cadavres qui jonchent sa vie tournent en boucle, un ménage infernal qui s’enflamme et qui déraille. Il se met alors à hurler, un cri féroce, son corps tremble comme s’il devenait fou. Il crie encore plus fort, incapable d’arrêter, la douleur l’aveugle, son cœur explose ! Cédric est mort. Cédric est mort. CEDRIC EST MORT !

            Sans crier gare Sevan se relève et se jette sur le Chasseur, la rage l’aveugle et le pousse à faire des choses stupides. Le Chasseur l’évite en tournant autour de lui, attrapant son bras au vol et plaquant son corps convulsé par les cris de hargne contre la table en bois, le bras maintenu dans son dos par le Chasseur. Aussitôt, l’assassin dégaine son arme en direction de la porte de la cuisine, Eden, qui a tenté de protéger Sevan d’instinct, est arrêté par le canon brillant pointé en sa direction. Gaël est devant lui tentant de le retenir, il semble être seul capable encore de raisonner malgré les évènements.

            Le Chasseur remarque que les femmes de la maison ne sont plus là, il fronce les sourcils et regarde le corps de Cédric au sol. Le coup de feu est parti tout seul, il a tiré par réflexe mais ne regrette pas d’en avoir fini avec le deuxième. Il n’était pas d’une quelconque menace contre lui mais il aurait pu servir d’appât, en tout cas c’est-ce que pensait l’armée. Il remonte ses yeux émeraudes sur les deux fils de Jack Bale, le calme du cadet force le respect seulement il est quand même trop calme pour la situation. Aussitôt le Chasseur comprend, ses yeux s’écarquillent et son cœur se met à battre la chamade, il regarde à nouveau le cadavre et croise le regard de Gaël qui ne peut s’empêcher d’arquer un petit sourire de fierté.

            Bien sûr ! Cet imbécile n’a pas pu venir seul. Une petite équipe de soldat sous la gouverne de Delaine est surement déjà en joue devant la maison. Au mieux pour lui, ils sont entrés dans la maison après avoir entendu les coups de feu. Pour le coup, il n’avait pas prévu la venue improviste de Cédric, son contact à Paris lui avait bien stipulé que Cédric avait été capturé mais il ne s’en était même pas soucier. Cédric ne valait rien à ses yeux, ce n’était qu’une perte de temps mais il serait capable d’embrasser Dragonov pour avoir attiré l’attention sur lui, au point de faire bouger Jack Bale. Le genre d’ennemi que même le Chasseur n’aime pas avoir.

            Il ne peut plus s’attarder ici, il doit sortir au plus vite avec Sevan. Il change de cible et écrase son semi-automatique sur la tête de Sevan qui a cessé de bouger dans tous les sens à la seconde où il a senti quelque chose de lourd presser contre son crâne.

 

-     Un seul pas et je lui fais un trou de la taille d’une orange dans la tête. Menace le Chasseur.

-     C’est faux ! S’écrie Sevan. Il a besoin de moi, il ne me fera pas de mal !

-     Faux ? C’est toi qui le dis. J’aurai mes traqueurs avec ou sans toi, ca prendra plus de temps si je te tue, c’est tout. Vous devez tous cesser d’être aussi confiants, je ne suis pas un ami, je fais mon travail sans aucun remord. Je ne m’associe avec personne pour réussir, je tue ceux qui me gênent. Le Chasseur sort son téléphone tout en gardant l’arme sur Sevan. C’est moi. Viens devant la maison, je m’occupe des intrus.

 

            Le Chasseur tire Sevan en arrière tout en plantant le canon de l’arme entre ses cotes, il tient toujours son bras dans son dos. Gaël pousse Eden pour laisser passer le Chasseur, les ongles plantés dans la chair, Eden serre si fort les dents qu’il ne peut pas articuler le moindre mot. Jamais il n’a autant haï son père, parti chercher celui qui se trouve précisément chez lui. Les deux amants ne se quittent pas des yeux jusqu’à qu’ils n’aient plus le choix. Avec précaution, le Chasseur s’avance en vérifiant que les soldats ne sont pas cachés dans le salon. Il s’approche de la porte d’entrée tout en observant également ses arrières, il serait stupide de la part d’Eden Bale ou de Gaël de tenter quelque chose sans risquer la vie de Sevan mais il semblerait que peu de gens de nos jours ait encore quelque jugeote.

 

-     Ouvre la porte, lui murmure l’assassin.

 

            Sevan déglutit, l’énervement, la douleur, la tristesse mais aussi la peur se mêlent dans son esprit et l’empêchent de raisonner normalement. L’arme dans son dos le dissuade, toutefois, du moindre geste qui pourrait énerver le Chasseur, il n’est pas de taille face à une balle. Il ouvre la porte d’entrée aussi lentement que faire se peut lorsque brusquement dans un bruit unique trois fusils mitrailleurs se braquent sur lui. Il a l’impression d’être à son exécution sommaire. Son cœur manque un battement alors que le Chasseur se serre de lui comme bouclier de survie, il déglutit à nouveau, la panique lui faisant vriller la tête.

 

-     Vas-y, murmure à nouveau le Chasseur.

 

            Sevan croyait que le message lui était adressé mais lorsque le bruit sifflant et aigu résonne dans l’immensité du néant du massif, il se jette instinctivement au sol. Le bruit sourd de la chute des corps dans la neige le fait sursauter, chaque sifflement est une torture dans les oreilles mais ce n’est rien comparé au cri étouffé par la mort brusque et soudaine des militaires qui se pensaient à l’abri d’un sniper caché. Le Chasseur avait pour réputation d’agir seul mais il avait oublié son complice récemment recensé. Le Messager.

            Le Chasseur relève Sevan qui tremble encore, l’écho des balles s’éloigne doucement.

 

-     SEVAN ! S’écrie Eden.

 

            Gaël a de plus en plus de mal à retenir son frère qui a paniqué à la seconde où Sevan s’est baissé. Il a immédiatement reconnu la détonation du sniper, ce n’est pourtant pas Sevan qui est visé car il se redresse à nouveau, poussé par le Chasseur. Sevan regarde derrière lui interpellé par l’appel d’Eden, son regard paniqué brise le cœur de son amant. Il ne peut rien faire bordel ! Il ne peut rien faire ! Gaël tient fermement ses bras et l’empêche de commettre l’irréparable mais voir son frère dans cet état est tout aussi douloureux que de devoir déclarer forfait contre le Chasseur. Il va s’enfuir et personne ne saura où il va avec Sevan.

 

            Les lèvres retroussées, les dents serrés, Jack prend son mal en patience alors que le van freine brusquement. Il ouvre la porte coulissante du van suivit des quatre rescapés de son équipe qui descendent tous à l’unisson, l’arme chargée et prête à tirer. Les pas des rangers étouffés par la neige passent inaperçus face au brouhaha de la police déjà sur les lieux. Les sirènes bleues se reflètent sur la poudreuse, les voitures garées tant bien que mal lui cachent la vue alors qu’il cherche désespérément du regard sa famille.

            Il s’approche d’un pas déterminé, l’œil froid et s’arrête brusquement alors que son regard se pose sur trois cadavres emmenés par les légistes sur place. Le sang est devenu noir. Jack serre les poings et court presque à l’intérieur de la maison, plusieurs agent de police inspectent les lieux, cherchent des empruntes dans le moindre recoin du chalet. Le cœur de Jack Bale s’agite, ses yeux papillonnent sans réussir à trouver ses enfants ou sa femme. Il prend la direction de la cuisine, un agent prend des photos d’un autre corps, Jack reconnait Cédric. De toutes ses forces, Jack refoule un haut le cœur, il se force à regarder le visage blême et calme de Cédric qui ne se réveillera plus jamais. La rage bouillonne en lui aussi douloureuse que l’arsenic se rependant dans ses veines. Il se retourne, les soldats qui le suivaient sont restés devant le perron du chalet, les agents le remarquent à peine trop occupés à faire leur travail. Il s’avance jusqu’aux marches alors qu’on le prend par le bras. Jack se retourne lentement mais une droite bien placée le fait vaciller, il est retenu par d’autres bras dont la fragilité n’est que apparence.

            Jack ouvre les yeux, devant lui un fils qu’il n’a jamais vu dans cet état. Eden toutes dents dehors semble prêt à lui sauter à la gorge, les yeux rouges de colère, l’apparition de veines de colère sur son cou. On n’imagine pas qu’il est en convalescence. Jack n’a pas tellement mal, des coups de poings en pleine mâchoire il s’en est pris beaucoup, avec le temps, elle est devenue aussi solide que de l’acier mais le fait que ça soit son propre fils, qui plus est Eden, qui le frappe l’affaibli bien plus. Il aurait pu imaginer que Gaël le fasse ou le tente car son cadet a une rancœur profonde au fond de son cœur à l’égard de son père, Eden est d’une gentillesse rare, capable d’endurer les pires souffrances à la place des autres. Le doux Eden qui, aujourd’hui, ressemble au démon de sa jeunesse.

            Eve qui avait retenu le corps de son père l’aide à se redresser. Personne ne semble étonné de la réaction du jeune Bale qui crache de la fumée par les narines. Sa colère n’est pas étanchée. Gaël retient son bras d’un simple geste lui faisant prendre conscience de la situation, lui plus que quiconque peut comprendre les sentiments de son grand frère mais se déchirer ne résoudra rien. Jill est en haut des marches regardant avec peine la scène. La main sur la rambarde, elle attend une réaction de son mari qui fixe inlassablement son fils, blessé et choqué.

 

-     Si Sevan meurt, siffle Eden d’une voix grave et forte, je ne te le pardonnerais jamais.

 

            Eden se retire. Il passe devant les agents de polices qui n’ont rien remarqué de la scène qui venait de se dérouler, il sort à l’extérieur histoire de refroidir ses ardeurs. De toute sa hauteur de géant, Jack se relève mais jamais il ne s’est senti aussi petit. Il ne s’est jamais senti aussi coupable. Contre toute attente, c’est Gaël qui pose une main chaleureuse sur l’épaule de son père.

 

-     Il se calmera, il murmure. Tu dois retrouver Sevan…Il en va de sa santé mentale.

Gaël quitte le reste de sa famille pour rejoindre son frère.

 

            Jill descend les marches. Alertée par la détresse de son mari et de son fils, elle ne peut tourner le dos à aucun des deux. Elle comprend son mari car tout ce qu’il désirait c’était protégé sa famille en arrêtant le criminel mais elle comprend également Eden qui a vu celui qu’il aime se faire enlever sous ses yeux. Ce dernier est persuadé que si Jack avait été là, ça ne serait jamais arrivé, il lui faut un coupable pour ne pas perdre la tête. Pour ne pas se tuer sous la culpabilité.

 

-     La rage fait tenir debout et tu dois endurer ce rôle de bouc émissaire, lui dit sa femme en lui prenant la main.

-     Jill, je suis désolé, j’ai essayé… murmure douloureusement Jack.

-     Tu as cru faire ce qui était le mieux pour nous, tu as tenté de nous protéger et sache que je ne t’en veux pas. C’était ce qu’il y avait du mieux à faire, le Chasseur est sorti de sa cachette et maintenant ce n’est plus qu’une question de temps. J’ai confiance en toi.

 

            Ces quelques mots avaient motivés Jack, il croise le regard de son épouse effaçant les rides et les années, ils se retrouvent seuls au monde à la fleur de l’âge. La jeune femme qu’il a aimée et qu’il aimera toute sa vie. Jack se penche sur sa bien aimée pour lui voler un baiser tendre et galvanisant. L’espoir renait dans sa poitrine.

            Il n’y a pas lieu de regretter, on ne peut pas revenir en arrière. Il faut reprendre les choses dans l’ordre. Dragonov n’a pas été retrouvé dans sa chambre et étant donné que le Chasseur était ici, il s’est évidemment enfui. Il n’abandonne donc pas sa cible et la meilleure façon de trouver le Chasseur, c’est de trouver Dragonov. Delaine a été envoyé à l’ancienne résidence du Chasseur, trouvée grâce au dossier ; de son côté, il doit retrouver la cachette de Dragonov, il est temps de reprendre contact avec ses sources peu fréquentables des forces spéciales ou comme il aime les appeler « les nettoyeurs ». Le genre de petit escadron inconnu, sans aucune référence sur la base de données de l’armée, à qui on donne les pires missions et surtout celles qui sont plus ou moins douteuses sur un plan légal.

 

            Eden refroidit ses ardeurs à l’extérieur, assis à même la neige, le poing enfoncé dans celle-ci à cause de la douleur que lui a procuré le coup. Il est prêt à parier qu’il s’est cassé la main et ça ne fait que l’enrager d’avantage.

            Les images de la journée défilent en boucle dans sa tête, la peur est si grande dans son cœur qu’elle remplace tout espoir possible. Sevan lui manque, il se pose un millier de questions suivant un scénario dans son esprit de plus en plus inquiétant. Il est légitime d’envisager le pire et de douter du meilleur. Eden doit-il déjà se préparer ?

            Des larmes de fureur franchissent la barrière de ses yeux, sa main cassée se serre et le fait siffler de douleur. Gaël s’approche de lui silencieusement et s’assoit à ses côtés, sans dire un mot. Il n’y a rien dire et surtout il ne sait pas quoi dire car au fond de lui, il est aussi paniqué que son frère et ne sait plus quoi penser ni comment penser. Il aimerait se dire que tout va bien se terminer, que son père finira par trouver Sevan et que tout s’arrangera mais c’est tellement utopique à l’heure actuelle.

            Les reniflements d’Eden attirent l’attention de Gaël, il se colle un peu plus à son frère pour le serrer contre lui. Gaël n’a pas le droit de se plaindre car il n’est pas celui qui a le plus mal, pour une fois c’est à son tour de protéger son frère.

 

            Au même moment, après des heures de route le van du Chasseur s’arrête enfin. Perdu dans ses pensées Sevan a du mal à réaliser sa situation chaotique. Il croyait pouvoir dominer la situation, ne serait-ce qu’un temps histoire de trouver un autre plan mais il n’est maître de rien. Il n’a pu ni arrêter le Chasseur ni empêcher la mort de Cédric. Les corps se multiplient sous ses yeux impuissants et spectateurs de son propre destin. Le contrôle, il ne l’a jamais eu, il a l’impression d’être un simple pantin, un pion qu’on déplace comme bon nous semble et ça l’épuise, autant moralement que physiquement.

            Durant tout le trajet, le Chasseur est resté avec lui dans le van, l’observant calmement. Aucun mot n’a été échangé, l’assassin était si serein que c’en était perturbant. La conductrice ne parlait pas plus que les deux autres, un véritable enfer de silence qui ne faisait qu’accentuer les voix dans l’esprit de Sevan. Les voix des défunts qu’il n’a pas sauvés mais qu’il a été obligé de voir mourir, les voix de ceux qui sont en vie pour qui il s’est sacrifié. La voix d’Eden, tendre et douce dans son esprit. Une voix rassurante et chaleureuse qui lui brise le cœur à mesure qu’il se rend compte qu’il ne lui reste plus que ça de lui. Le froid l’entoure soudainement.

 

-     Descends, ordonne la voix autoritaire du Chasseur.

 

            Sevan se redresse, le regard courroucé mais s’exécute dés lors que le brillant de la crosse de l’arme attire son attention. Il n’y a plus de lumière dehors, plus de neige, juste le noir et l’hostile atmosphère d’une nuit d’hiver. Il regarde autour de lui, l’endroit est familier mais il ne saurait dire pourquoi, il s’attarde sur les bâtiments puis brusquement il se souvient. Des frissons lui parcours l’échine, ses yeux s’écarquillent et son souffle se coupe dans sa gorge. Des bruits de pas venant en sa direction l’interpellent.

 

-     Bonsoir Sevan, ca faisait longtemps, hein ? 

 

 

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J'espère que vous êtes pas encore perdu parce que pour le moment c'est pas trop compliqué, ça va se corser...XD

 

 

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