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Le Chasseur {Chapitre 22}

Publié le par danouch

 

 

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          Le cri du vent est effroyable, il vous pénètre jusqu’à l’os pour vous faire mourir à petit feu. Il endort la douleur pour mieux pouvoir vous aspirer dans sa gorge et vous y enfermer, la paresse vous empêche de bouger le moindre membre car c’est tellement plus facile que de se laisser aller. Les notions de temps sont inconnus, il n’y que la peur, la solitude et ce froid permanent, comme un vautour attendant que votre corps cède.

          Eden ne saurait dire combien de temps il est resté sous cette neige, peut-être des heures, peut-être quelques seconde, la seule chose qu’il sait c’est qu’il va mourir. Il ne sent plus rien dans sa prison de chair, son âme se cogne contre ses parois sans pouvoir le secouer, l’obliger ne serai-ce qu’à ouvrir les yeux. Il peut entendre son cœur, encore résistant, désespérément raccrocher à la vie qui réchauffe ses organes vitaux mais le reste est déjà mort. Jamais il n’aurait imaginé mourir de cette façon, enterrer sous la neige à cause d’un ivrogne avec qui il s’est querellé il y a tant d’années. Ne dit-on pas que le passé rattrape tout le monde. C’est tout de même triste. Eden était un garçon avec ses démons mais qui ne méritait pas de mourir seul de la façon la plus cruelle qui soit, personne ne le retrouvera jamais sous cette tempête. Son corps pourrira ici même.

          C’est lorsque l’on sent la fin approchée que tout ce qui était dérisoire nous parait important, aussi tôt les regrets refont surfaces avec eux les souvenirs. Il aurait aimé manger à nouveau de la tartiflette dans le restaurant de Charlie, fumer une cigarette (mon dieu que ça lui ferait du bien !), finir Assassin’s creed Révélation (bordel il ne sait même pas ce qui va arriver à Ezio !). Il a aussi oublié de faire le lit ce matin en partant, sa mère va le tuer. Il aurait aimé pouvoir à nouveau apprécier un bon café en compagnie de son père. Sentir son regard protecteur mais réservé. Il aurait aimé serrer sa mère dans ses bras, la serrer si fortement qu’elle l’aurait supplié de la lâcher pour qu’elle puisse respirer. Lui dire à quel point il l’aime, l’admire, la vénère ! S’excuser pour le mal qu’il a pu lui faire. Eden aurait aimé jouer dans la neige avec Milli, faire un bonhomme de neige et puis le détruire à coup de boule de neige en écrivant sur son front : Cédric (héhé ! ). Il aurait voulu la voir grandir. Devenir aussi belle que sa mère, aussi forte et déterminée. Il regrette de ne pas avoir été là pour Gaël quand il en avait le plus besoin, de ne pas avoir assez de fois ravalé sa fierté pour lui dire à quel point il est important à ses yeux. Son petit frère. Il regrette de ne pas avoir été assez audacieux dans sa vie, de ne pas s’être montré assez bien aux yeux de Sevan alors qu’il en est capable. Lui montrer la véracité de l’amour qu’il ressent à son égard. On ne ment pas au seuil de la mort.

          Sevan…Sa rencontre a chamboulé son quotidien. Il a été le premier à qui il a pu ouvrir son cœur si facilement, à qui il a pu confier de sombre secret sur son passé. Il faut dire qu’il en a aussi fait les frais. Comme toute sa famille. La culpabilité est plus douloureuse que le gèle. Encore une fois tout est de sa faute, si il n’avait pas été aussi impulsif étant enfant, il n’en serait pas là. A attendre la mort…

          Il a l’impression d’avoir gâché son temps, à se lamenter, à chercher les ennuis avec le monde entier. A maudire son père, l’armée et tout ce qui s’en suit. A feindre le bonheur alors que son cœur reste vide. Qu’a-t-il fait de bien ? Qu’a-t-il fait de mal ? Si Dieu existe, si le Paradis existe, comment va-t-il se justifier de ces actes ? A cause de lui, sa famille à tant souffert. Sevan a souffert ! Pourquoi s’attacher un homme qui ne veut pas de vous ? C’est pathétique. Il devrait le laisser vivre son amour et devenir son ami. Taire ses sentiments en espérant qu’ils finissent par passer, lasser d’être rejeté.


            Il n’en est plus question maintenant. Il va mourir de toute façon.

 

 

 

***

            La voix du commandant de bord résonne dans les hauts parleurs de l’avion. Ils arrivent enfin à l’aéroport après quatre heures de vol. Depuis la Sicile, Jack prendra un bateau jusqu’à la vieille Calabre.

            Cela fait maintenant deux jours qu’il a quitté sa famille et déjà les grasses matinée aux côtés de sa femme lui manque. En partant il a d’abord été à Paris pour récupérer le dossier et les éléments d’enquêtes de Delaine, la priorité était de le retrouver. Son itinéraire c’est arrêté à la demeure de Leonardo Caruzo dans un petit village situé dans la région montagneuse de la Calabre. Il est dit dans son dernier rapport que Delaine n’avait pu rencontré le Messager et qu’il allait à nouveau se rendre chez le mafieux, depuis il a disparu.

            Les enquêteurs en charge de sa recherche ont optés pour la piste de l’assassinat de Delaine ou sa séquestration par les mafieux. Si Delaine disait vrai, en croyant que Loenardo avait vendu la mèche, il était parti chez pour lui réclamer des explications. Seulement Jack est septique. Quel intérêt aurait un mafieux à tuer un militaire haut gradé, motivé par la vengeance, qui pourrait encore lui servir ? Ca ne tournait pas rond. Jack Bale n’avait pas une grande expérience en mafia, son terrain d’attaque se situait au moyen orient. Il évoluait à différent poste, autant dans la torture que dans l’espionnage. Il traquait les terroristes et non la famille italienne du Parain. Malgré ça, il pouvait se fier à son instinct qui lui a mainte reprises sauvé la vie.

            A peine arrivé à terre, avec un simple sac contenant le strict nécessaire, Jack a immédiatement appelé un taxi et réserver une chambre d’hôtel. Il s’est préparé comme lors de ses missions en Irak, des armes légères mais efficaces. Un six coups simple et rapide, un colt et pour le plaisir un mini Uzi. Deux grenade semtex et un couteau à faire pâlir Rambo.

            Grâce au réceptionniste il a pu savoir où prendre le bus pour aller jusqu’à la villa du mafieux, ici les noms des grandes sont connus de tous mais on n’en parle jamais. Ils ont bien trop peur de se faire couper la langue, mais Jack savait comment s’y prendre pour poser les bonnes questions aux bonnes personnes.

            Après seulement un quart de marche il arrive à l’arrêt de bus, peu emprunté. Vingt minutes plus tard il descend de l’engin dans une terre déserte et dangereusement silencieuse. Les maisons semblent fait en argile, les murs ocre et les tuiles rouges ne font qu’accentuer la chaleur présente. L’hiver n’est qu’un mythe.

 

            Au premier coup d’œil Jack remarque l’hostilité des habitants, ils ont peur, ils sont terrorisés et étrangement parlent énormément. Le meilleur endroit pour récolter des informations se sont les bars.

-     Un massacre, je vous dis ! Lui dit le vieil italien.

Le dialecte de Calabre est incompréhensible, heureusement pour lui, il est tombé sur un italien qui parle français. 

-     Comment ça un massacre ?

-     Des cadavres partout ! Don Leonardo était presque cloué sur son fauteuil ! La police est venue mais il y a pas d’enquête ! Ce qui fait peur maintenant c’est la famille Reggioni ! Leonardo parti c’est la porte ouverte à toutes les autres familles ! 

-     Et pas de français dans les cadavres ?

-     Un français ? Bah…Je sais pas ! Mais on a vu un français venir souvent ! Un ami de Leonardo, il venait souvent ! Un mec aussi costaud que vous !

-     Et il n’est pas revenu depuis ?

-     Non. Pas ici en tout cas ! Mais on dit que la vieille Rosetta du village de Miro s’occupe d’un étranger !

-     Comment on y va ?

-     A pied ! Se met à rire le vieil homme. On peut pas y aller en voiture ! C’est une vieille route dans les montagnes qui va jusqu’à ce village de fou ! Il y a que des vieux là-bas ! C’est à dix kilomètres d’ici environ, il faut continuer à prendre la route principale puis au bout de deux kilomètres vous verrez un sentier de chèvre à gauche. Y a un panneau avec « Miro » dessus. Vous pouvez y aller par là.

-     D’accord merci.

 

            Jack ne se démoralise pas. Dix kilomètres c’est vraiment rien à ses yeux, le plus embêtant ce sont les sentier de chèvres dans la montagne. Il paie un dernier verre au vieux bavard avant de prendre la route sous le regard curieux des commères du village qui ne savent pas quoi faire de leurs journées. Il s’achète seulement une bouteille d’eau avant d’entreprendre son périple, pendant sa marche il commence à réfléchir au chasseur. Il se souvient avoir lu dans le dossier - dans l’avion - que son profil est typique du tueur à gage organisé. C’est quelqu’un de méticuleux, de patient, il ne fonce jamais tête baissée sur sa proie. Il préfère observer sa victime, connaître ses faits et gestes avant d’attaquer. Le profil ne correspond pas à celui qui s’est introduit chez lui, pourtant il est sûr que c’était le chasseur…Pourquoi est-ce qu’il s’est précipité ? Comme si il avait peur de quelque chose, ou de quelqu’un.

            Avant de discuter du problème actuel, Jack est déjà certain de revoir le dossier depuis l’origine. L’enquête originel sur son premier meurtre a été bâclée, il soupçonne d’ailleurs que de hautes autorités aient joués de leur pouvoir pour empêcher la police d’arrêter le chasseur. Un soupçon inutile car il ne pourra jamais le prouver mais ce n’est pas la question. Il faut reprendre depuis le début, il faut à nouveau comprendre cet homme jusqu’à ses attentions, imaginer son passé, ses pensées. Son expérience jouera dans cette affaire et la capacité de Delaine de comprendre la psychologie des tueurs en séries complètera ses carences. Faut-il encore qu’il soit en vie.

 

            La nuit est tombée sur les terres arides de la Calabre, voilà déjà deux heures que Jack est sur le sentier de chèvre. Le terrain est tellement sinueux qu’il met des heures à parcourir le moindre kilomètre. Les fossés, les roches imprévu, les troncs d’arbres obstruant le passage. Un véritable parcours du combattant mais au bout de trois heures et demi de marche sur le sentier, Jack aperçoit les lampadaires du minuscule village de Miro.

            Les maisons sont en pierre directement récupérer de la montagne, les pavés des rues posés à la main, les chiens errants faisant planer une odeur de mort et de maladie. Les femmes âgées se trainent jusqu’au bassin de la place du village pour laver encore leur tunique et leur mouchoir en tissu, leur époux assit sur des bancs en bois aux abords des rues étroites. Le village entier est enfermé dans une époque lointaine, où les charrettes sont appelées « voiture » et où le pain est encore livré chez soi.

            Contrairement au fief de Leonardo, les habitants le regardent à peine, ils paraissent tous amorphe, intemporel. Coincé dans un continuum espace-temps dont Jack ne fait pas partie. Ce genre de village ne contient qu’une centaine d’habitant, trouver un étranger ne sera pas chose difficile même si il commence à se demander les gens d’ici savent vraiment parler. C’est décidemment la planque idéal pour se cacher du chasseur.

 

-     Jack ?

 

            L’ancien colonel se retourne par l’appel de la voix connue. En face de lui se tient fièrement Delaine, Jack l’observe incrédule. Il s’attendait à des blessures ou un cadavre mais pas à un Calvin Delaine en pleine forme qui a trouvé sa retraite dans un village mort au fin fond de la Calabre.

 

-     Qu’est-ce que tu fais là ? Lui demande étonné Delaine.

-     Je pourrai te demander la même chose ! Commence à s’énerver le colonel Bale. Est-ce que tu sais combien cela fait de jours que tu as disparu ? Est-ce qu’il t’es pas venu à l’idée de donner des nouvelles ? Tout le monde te croit mort ! Tu es inconscient ou quoi ?!

-     Suis moi, lui dit simplement Delaine. Je veux t’expliquer.

 

            Toujours dangereusement agacé, Jack le suit curieux de savoir quelle excuse bidon le colonel Delaine va lui trouver ! Il faut dire qu’il s’est presque fait passer pour mort alors qu’il semble tout à fait en bonne santé ! Autant physique que mental. Mais que fait il ici encore ? Pourquoi est-ce qu’il n’est pas revenu à Paris ?

            Calvin Delaine conduit Jack jusqu’à une vieille ferme, là une dame d’un certain leur offre le repas toujours dans un silence de mort. Delaine est devenu aussi silencieux que les habitants de Miro, lui qui était si anxieux, si excité. Que s’est-il passé ? La situation devient inquiétante et c’est presque avec méfiance que Jack dîne en sa compagnie.

            Le repas passé, les deux militaires s’isolent dans une pièce de la vieille demeure de la dame Rosetta. C’est une chambre minuscule, avec seulement un lit une place et une table en bois vieillis croulant sous les tonnes de paperasses. Seul ces papiers attirent le regard de Jack qui commencent à saisir la situation, Calvin s’assoit sur le lit l’air grave sur le visage.

 

-     Après avoir découvert le carnage dans la villa de Leonardo, commence Delaine, je suis parti en courant en sachant qu’il était là. Prêt à me bouffer. Tellement affolé je me suis retrouvé coincé dans une vieille ruelle, je n’avais pas d’issu possible et j’étais sûr de crever. Je m’étais même fait à cette idée. Le chasseur me tenait dans sa paume et me torturait encore par l’attente insoutenable. Au début j’étais résigné, puis plus le temps passait plus je savais que ce n’était pas la solution. Je pouvais encore m’en sortir, du moins, j’allais tout faire pour. J’ai emprunté les égouts pour pouvoir me déplacer tranquillement. C’était la seule solution, sinon j’allais me faire tirer comme un lapin. J’ai marché des heures sans jamais revoir une plaque d’égout, un peu de lumière qui indique une sortie. J’étais à deux doigts de faire demi-tour jusqu’à ce que je tombe sur une grille. Je me suis retrouvé au milieu de la route principale, sans aucune visibilité, pas de lumière, totalement crevé ! Je tenais à peine debout. Je crois que je me suis évanouie sur le bord de la route, autant dire que j’allais me faire écraser si la vieille Rosetta ne m’avait pas trouvé.

-     Tu veux dire que c’est cette femme qui t’as sauvé ? Elle t’a apporté et amené ici ? Me fais pas rire. Lui répond Jack dans un sarcasme.

-     Je ne dis pas qu’elle m’a portée. Ce sont des anciens du village qui se sont mis à plusieurs pour me mettre sur le chariot. Elle m’a ensuite soigné dans sa maison et a attendu que je me réveille. J’ai voulu lui expliquer qui j’étais mais elle a refusé de savoir, elle a simplement dit que le fait que je sois militaire suffise à justifier son aide. Je t’avoue que je me suis pas posé plus de question, j’étais heureux d’être encore en vie et à la fois intrigué. Après deux jours de convalescence j’ai pris la décision de me reposer. Je me suis posé beaucoup de question. Pourquoi est-ce que le Chasseur ne m’avait pas tué ? Pourquoi est-ce qu’il a tant attendu ? Notre Chasseur n’est pas quelqu’un qui aime torturer ses victimes et pourtant j’avais l’impression de me trouver face à un réel sadique ! Est-ce que c’était bien le Chasseur ?

-     Tu veux dire que quelqu’un d’autre en aurait après Leonardo et toi ?

-     Non. Je pense que le Chasseur a bien tué Leonardo mais il n’était pas seul. Ceux qui le traquent étaient là aussi, il a dut fuir. Mais ce n’est qu’une hypothèse…

Jack réfléchi. Ca tient la route, ca expliquera se brusque changement de comportement.

-     Le Chasseur est venu chez moi il y a trois jours. Il a trouvé Sevan Milak.

Calvin en est estomaqué.

-     Quoi ? C’est impossible !

-     Pourtant c’est vrai. Sevan l’a immédiatement reconnu. Il est sain et sauf, j’ai pu le changé d’endroit. Malgré tout je suis sceptique. D’après ce qu’on sait de lui, ce n’est pas son genre d’attaquer sans réfléchir, de foncer dans le tas sans savoir sur quoi il va tomber. Il était paniqué, pressé par le temps peut être.

-     A cause de ses traqueurs ? Lui demande Delaine.

-     Possible. Je pense que ces traqueurs sont d’une autre trempe que les albanais de la dernière fois. Peut-être même des professionnels, comme lui tu vois.

-     D’autre tueur à gage ?

-     Parfaitement.

 

            Les deux militaires réfléchissent. Le Chasseur aurait patienté tout ce temps en observant Delaine pour espérer une faille et ainsi découvrir la planque de Sevan. Cependant il a été pressé par ses traqueurs qui, aussi professionnels que lui, commençaient à retrouver sa trace. De plus, Delaine a fini par comprendre pour le Messager, il a décidé qu’il était temps d’en finir avec le colonel mais c’était sans compté ses propres chasseurs. Il a dut fuir.

            Pour une raison qu’ils ignorent encore, le chasseur a fini par trouver Sevan sans l’aide de Delaine. Ce qui veut dire qu’il a forcément reçu de l’aide de quelqu’un mais qui cela pouvait-il bien être ? Aussi tôt Jack repense au boycott de la première enquête lors de la découverte du premier meurtre, sa théorie sur le complot à l’intérieur même de la police se concrétise peu à peu. Quelqu’un, au-dessus de la police mais en étroite relation avec celle-ci aurait-il intérêt à ce que le chasseur reste en activité ?

            Il ne faut pas écarter le Messager, il doit être le seul a vraiment communiquer pour le compte du Chasseur. Une personne de confiance, très proche de lui. C’est un élément important qui permettra de le retrouver.

 

-     Il faut reprendre depuis le début. Déclare Jack.

-     Remonter aux origines ?

-     Oui. Revoir le profil, les différents mobiles. On ne devient pas tueur à gage parce que la vocation est intéressante. Il a des éléments déclencheurs. Il faut faire des recherches sur les études faites sur les tueurs à gage arrêtés. La seule chose d’utile qu’on m’ai appris en Irak, c’est d’imaginer toutes les hypothèses pour mieux connaître l’ennemi. Il y a forcément quelque chose qui nous a échappé.

Delaine affirme d’un signe de tête. Ils regardent au même moment la tonne de papier sur la table.

-     T’avais déjà commencé à revoir les faits ?

-     J’avais déjà pensé au fait de revoir tout son profil mais on sera pas trop de deux. Vaut mieux rester ici, on est à l’abri des regards internes ou externes à la cellule d’enquête.

-     Tu n’as plus confiance en eux ?

-     Si comme tu dis Sevan a été retrouvé c’est que la mèche a été vendue. Je ne vois pas d’autre explication.

-     Je suis d’accord. Mettons-nous au travail.

 

 

 

***

 

            La tempête s’est peu à peu calmée. Le vent était moins fort, quasi-inexistant et seul tombait la neige autour de Gaël et Sevan. Le bruit assourdissant de la sirènes des pompiers leur font se boucher les oreilles, la poudreuse voltige autour d’eux dans une tornade impressionnante et un homme descend d’une corde du haut du ravin. Les garçons se pensent sauver et Gaël leur cri dans les oreilles que son frère n’a pas encore été retrouvé, qu’il est tombé avec eux mais qu’ils ont été séparé. Il leur raconte également qu’un homme est tombé avec eux, sans plus détailler les raisons de sa présence. Son cadavre est resté au fond du ravin, les secouristes semblent ne pas les écouter et les force presque à remonter alors que Gaël s’égosille à leur rappeler que son frère est toujours en bas !

            Sevan commence également a paniqué, l’ampleur de la situation est critique. Il regarde désespérément dans le ravin espérant y voir Eden mais tout n’est que neige. Une immense désert blanc effrayant de perfection.

 

-     Nous allons le chercher ne vous inquiétez pas ! Hurle un secouriste en tentant de calmer Gaël qui ne tient pas en place.

 

            Les deux garçons sont pris en charge par une ambulance déjà sur le terrain, Gaël se met à pleurer. Les nerfs lâchent. Sevan le prend dans ses bras espérant l’apaiser mais c’est peine perdue. Ils ont parcouru l’immense ravin pendant près d’une heure sans trouver la moindre trace d’Eden, à croire qu’il tournait en rond ! Gaël était déjà très fragile psychologiquement, il n’en fallait pas plus pour le rendre fou. D’un autre côté ça a permis à Sevan de ne pas céder à la panique, il se devait d’être fort pour Gaël. Malgré tout, l’angoisse est là, bien présente et ne demande qu’à exploser. Il s’oblige à ne pas imaginer le pire, à relativiser. Eden ne peut pas mourir, il est invincible. Eden…Il ne peut même pas imaginer le voir sortir de sa vie.

            Les chiens arrivent rapidement, les secouristes descendent dans le ravin et les deux garçons refusent d’être transportés à l’hôpital tant qu’ils n’ont pas retrouvé Eden. Les ambulanciers se rongent les sangs mais il aurait fallu attacher Gaël s’ils voulaient vraiment le forcer à partir avec eux, ce qui était impossible.

            Au bout d’une heure, la pression de l’attente avait fait taire les crises de Gaël. Il restait immobile, attentif au moindre appel des secouristes. Les femmes Bale, prévenues par la police, finissent par arriver. Aussi silencieuse que Sevan et Gaël. Elles observent les recherches, impuissantes, inconscientes. Eve est sereine, plus silencieuse qu’une morte ce qui est inhabituelle chez elle. Jill en revanche semble aussi paniquée que Gaël, elle se contient du mieux qu’elle peut mais ses yeux sont déjà noyés de larmes, prêtent à se déverser sur sa joues.

            Les recherches continuent jusqu’à la nuit tombée, les villageois se sont rassemblées autour du groupe de recherches qui changent de chiens pour ne pas les fatiguer. Il est impossible de savoir ce qu’ils trouvent, où ils en sont, seuls les relais au bord du gouffre peuvent communiquer par talkie-walkie. Les voix dans l’appareil sont incompréhensibles mais le moindre bruit fait sursauter toute la famille. Le pire se profile à mesure que le temps passe, les morales se désagrègent et le visage presque arrogant de Gaël en temps normal est ravagé par la tristesse et le désespoir. Jill tremble, elle va craquer et Sevan assiste impuissant à l’effondrement de sa famille d’accueil.

            Son cœur bat la chamade. Dire qu’il voulait lui en mettre une. Il s’attendait à le retrouver en pleine forme au milieu de la neige, de mauvaise humeur parce qu’il aurait été trempé mais en pleine forme. Avec un merveilleux sourire dont il a le don, il l’aurait à nouveau prit dans ses bras, serrer contre lui. Sevan donnerait tout pour revoir ce sourire…Sentir à nouveau cette étreinte. Il donnerait tout pour pouvoir remonter en arrière et profiter un maximum de ces baisers volés - dont il a honte d’avouer - qu’il a aimé. C’est terrible de se rendre compte de ressentir pareil sentiment alors que c’est peut-être trop tard.

             Il s’en veut tellement de l’avoir fait souffrir ! Il a profité du fait qu’Eden l’aimait pour pouvoir sentir à nouveau une sorte d’amant à ses côtés. Il se sent tellement coupable d’avoir osé lui dire qu’il n’était qu’un substitut ! Quelle horreur dans sa bouche ! Comment est-ce qu’il a pu dire ça ? Alors qu’Eden l’aimait ! Comment l’a-t-il ressenti ? Eden n’a rien montré, comme toujours il a fait semblant de supporter…La solitude qu’il a ressenti par sa faute…Putain de merde mais comment il a pu lui faire subir ça ? Eden n’est pas un substitut ! Ce n’est pas un substitut ! Il est bien plus ! Il l’aime nom de Dieu ! Il l’aime !

 

            Les secouristes s’agitent, l’activité brusque des ambulanciers et des cordes au fond du ravin réveille les spectateurs et la famille Bale. Sevan cligne plusieurs fois des yeux et regardent tout autour de lui ne comprenant pas ce qui se passe. Il avait lui aussi déjà commencé à pleurer, perdue dans ses pensées. Ses larmes se gèlent sur sa joue alors que les secouristes s’activent. Les pompiers rembobinent la corde, Jill perd patience et s’approche du gouffre sans se soucier des alertes des policiers qui dressent un barrage.

            Une planche rouge apparait, les cœurs explosent, la curiosité l’impatience de découvrir si oui ou non il s’agit d’Eden. S’il est en vie !

            La famille Bale se précipite sur l’homme remonté, Jill éclate en sanglot alors qu’elle touche du bout des doigts la peau bleuté de son fils. Les secouristes la poussent sans aucune excuse et se pressent pour amener le corps à l’hôpital de la ville la plus proche. A quasiment vingt kilomètre du village.

 

-     Montez dans le camion, propose le pompier. On vous emmène.

 

            Ils ne se font pas prier. Le trajet a beau duré quinze minutes, l’attente est insupportable. Tous se posent un millier de questions mais aucun n’osent parler. La main de Gaël est fermement serré par celle de Sevan. Jill a cessé de pleurer mais ses yeux papillonnent dans tous les sens, pressée d’en savoir plus. Eve a tenté d’interroger les pompiers mais ils n’en savent pas plus.

            A peine le camion s’est arrêté que Jill descend en courant, elle cherche affolée l’ambulance, elle rentre dans l’hôpital mais Eden a déjà été transporté en soin intensif. On ne sait rien encore, il faut attendre un médecin. L’attente. Toujours l’attente. Il n’a rien de plus terrible que d’attendre.

 

-     Madame Bale ?

-     Elle-même.

-     Tout d’abord votre fils est en soins intensifs. Son corps est tombé en hypothermie, nous sommes en train de le « réchauffer » cela devrait durer un certain temps avant que son corps ne reprenne une température normale. Ses membres ne semblent pas avoir été touchés massivement, il a malgré tout des gelures sur les jambes et les mains, le haut du corps était assez bien couvert. Elles devraient s’estomper avec le temps. Il a aussi une côte fêlée à cause de la chute mais c‘est superficiel. Je lui ai administré tous les médicaments possibles pour éviter l’amputation ou la gangrène mais on n’est quand même pas à l’abri. Nous ne savons pas encore toute l’étendue des dégâts à l’heure qu’il est, il va falloir attendre. 

 

 

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S
il va se passer koi maintenant ke eden et en soins et pr jack et delaine vivement la suite
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D
<br /> <br /> Surtout que maintenant Sevan c'est un peu rendu compte de ses sentiments pour lui ...hihi<br /> <br /> <br /> <br />